Le dernier aspect de cet octuple sentier, c’est la méditation, le dhyana, la
pratique de la concentration.
Dans l’enseignement des quatre nobles vérités et dans l’octuple sentier, la concentration juste appelée pratique de dhyana. C’est ce qu’on
appelle la pratique des quatre étapes de dhyana.
La première étape, c’est l’étape dans laquelle nous laissons tomber tout ce qui est de l’ordre des poisons, c’est-à-dire
l’avidité, la haine, toutes les émotions négatives qui nous traversent dans la vie quotidienne.
Nous laissons tomber également l’agitation, la somnolence, tout ce qui peut troubler. Subsiste dans cette première étape tout ce qui est de l’ordre de la réflexion, de
l’observation, de la compréhension, de la pensée.
Dans la deuxième étape, nous laissons tomber tout ce qui est cogitations, tout ce qui est de l’ordre de la conscience personnelle, du
mental qui réfléchit. Nous laissons passer les pensées comme des nuages dans le ciel ; sans nous y attacher, nous les traversons.
En fait, les pratiques des quatre étapes de dhyana, ce sont des traversées : première étape, on traverse tout ce qui est perturbations mentales de la vie quotidienne ;
deuxième étape, nous traversons tout ce qui est de l’ordre de la pensée intellectuelle, de la réflexion ; troisième étape, nous traversons ce qui est de
l’ordre des émotions. Nous arrivons souvent à un état de relative sérénité, de calme qui déclenche une joie d’être dans la pratique, et cette joie- là, le Bouddha disait qu’il fallait
aussi la traverser, parce que si nous nous accrochons à la joie de la pratique, alors ce sera une pratique qui va rester limitée à cela, c’est-à-dire que nous allons être tout le temps en train
de rechercher cette joie de la pratique.
Enfin, le quatrième aspect que l’on traverse également sans s’y arrêter, c’est le bonheur
de la pratique. Le bonheur est plus stable que la joie. La joie, c’est une émotion, donc cela va et cela vient. Le bonheur, c’est déjà quelque chose de plus stable. Même le bonheur que
nous avons à pratiquer, nous le traversons, nous ne nous y attachons pas car sinon, cela va de nouveau limiter notre pratique, et finalement nous aboutissons à un état d’équanimité, c’est-à-dire
de grand calme intérieur, de sérénité, qui n’est perturbé ni par les émotions négatives de colère, de haine, de jalousie, d’impatience, ni par la joie ou le bonheur auxquels nous risquons de nous
attacher et qui risquent de limiter notre pratique.
En effet, la pratique de l’octuple sentier a essentiellement pour sens, non d’arriver à un état de bonheur, mais d’arriver à un état de
complète liberté ; libre de toute émotion, de toute stagnation, de tout attachement à quelque état que ce soit.
C’est la raison pour laquelle la pratique de dhyana est la pratique d’un esprit qui ne demeure sur rien.
Si le Bouddha s’est donné la peine d’enseigner l’octuple sentier, c’est que tous les éléments de l’octuple sentier, et pas seulement la
méditation, avaient leur importance.
Roland Yuno Rech