Les zoroastriens veulent un changement du monde, travaillent à l'obtenir par la droiture, par des actes justes et bons. Que sait-on de Zoroastre ?
Lui-même zoroastrien, Kasra Vafadari, est visiblement de ceux qui s'attachent au fond du message. Disant que l'on sait très peu de choses de l'homme Zoroastre, très suspicieux quant aux événements extraordinaires qui lui sont attribués (être resté vivant après avoir été assassiné d'un coup de poignard dans le dos, avoir marché sur l'eau), mais pensant qu'il était sûrement tout à la fois médecin, astrologue, agriculteur, poète, vétérinaire ...
Le conférencier n'a pas indiqué combien de temps il a vécu, situant seulement sa vie entre - 500 et - 1400 avant Jésus-Christ selon les uns ou les autres, ce qu'il a reconnu ne pas être très précis.
Zoroastre serait venu dans la continuité des religions précédentes, et aurait cherché à les réformer, notamment par le passage à une croyance monothéiste, et non plus polythéiste voire chamaniste telle qu'elle était à son époque.
Kasra Vafadari a évoqué l'espèce d'effervescence de recherche spirituelle de cette époque, soutenue par des mouvements de population dans la région de la Mésopotamie (juifs, aryens, sémites ...) qui suscitaient des échanges fertiles entre les gens.
Le Dieu de Zoroastre s'appelle Ahura Mazda. Il est la Force créatrice du monde. Il a créé les quatre éléments, l'eau, la terre, le feu et l'air, qu'il faut vénérer au plus haut point comme venant de Dieu. Ahura Mazda a aussi créé l'homme en lui donnant le libre arbitre pour choisir ce qu'il a à faire entre le bien et le mal.
Certains zoroastriens confondent cette force avec le bien tout court, mais pour Kasra Vafadari, c'est une approche réductrice. Tout un courant zoroastrien, issu de MANI (manichéistes) se réfère à cette approche dualiste.
Les trois commandements
Pour Zoroastre, tout homme est ouvrier de Dieu pour transfigurer le monde. Les trois commandements zoroastriens sont : bonne pensée, bonne parole, bon acte. Dans le monde, il n'y a qu'une voie, c'est la voie de la droiture.
Par "bon", il faut entendre quelque chose comme une lumière qui vient du fond de soi. Cette bonté ne peut pas être bête...! Il y a en tout homme deux tendances (ou 2 marques) l'un qui le porte au bien, l'autre qui le porte au mal. La voie de Zoroastre, c'est de toujours choisir du côté du bien. Cela se fait par une constante dialectique. Mais c'est l'homme qui choisit, et il n'y a pas d'obligation..
Celui qui remplit sa responsabilité pleine et entière envers les autres est un Saoshyant. Jésus était un Saoshyant. Zoroastre aurait prédit qu'il y aurait un Saoshyant au moment de Jésus. Mais on n'a pas besoin d'attendre un Jésus tous les 3000 ans pour exercer cette responsabilité. Elle relève du choix de chacun. "Personne ne peut vous dire ce que vous devez faire".
Pas d'enfer si on agit mal. Zoroastre, semble-t-il, n'a pas voulu instituer sa croyance en religion ; il n'a pas cherché à la personnaliser. La façon de vivre relève des choix de chacun. L'organisation des zoroastriens était, de ce fait, et est encore très diffuse. Les zoroastriens ont une certaine recherche de spiritualité, de sagesse, qui les entraîne à aller au-delà d'un clan. Cela n'a jamais été une religion d'Etat.
L'enseignement de Zoroastre aurait des correspondances avec les Veda hindous où l'on trouve la même grammaire que dans le livre saint de Zoroastre.
Le Bahaïsme (Iran) aurait aussi pris son inspiration de Zoroastre. Beaucoup de Bahaï sont des ex-zoroastriens, et ont gardé le côté laïque, moderne, faisant une large part au travail. Son fondateur Bab (1850) aurait annoncé la venue de quelqu'un de plus important, mais cela ne plaît pas aux musulmans qui attendent le Mahdi.
L'Avesta, livre saint
Après Zoroastre, il reste des rites assez légers : prier cinq fois par jour pour se rappeler que la droiture est une bonne chose, que le bien est une bonne chose, faire une fête, une par mois, plus cinq jours pour préparer le nouvel an. En se purifiant. Prendre le repas avec nappe et nourriture, pains et fleurs. Kasra Vafadari dit lui-même que, en fait, ces rites sont un peu païens...
Il reste aussi un livre saint dénommé Avesta. Dans ce livre, qui a été écrit bien après la mort de Zoroastre, Kasra Vadafari nous dit qu'il y a du bon et du moins bon. La partie centrale serait le Gatha, les chants de Zoroastre. Ce chants, nous a-t-il dit, sont une sorte de dialogue constant entre Zoroastre et son Dieu (Ahura Mazda). On ne peut pas s'empêcher de se demander, a-t-il ajouté, si ce n'est pas un dialogue avec sa propre conscience. Il y a 12 traductions des Gatha : personne n'est d'accord. Mais cela n'avait pas l'air de gêner le conférencier.
Kasra Vafadari avait une sorte d'insigne à la boutonnière. Pour lui, cela représente le génie de l'homme, le mieux que l'on a en soi ; de façon symbolique bien sûr, rien de plus, nous a-t-il assuré. C'est comme la "chose" de Platon, ou l'ange gardien des chrétiens.
Influence
Zoroastre a influencé beaucoup d'hommes au cours des siècles : à commencer par les juifs pendant leur déportation à Babylone puis Plutarque, Pythagore, Platon, Aristote, Montaigne, Erasme, Goethe, Hegel, Marx ...
La vie de Zoroastre et son influence ont coïncidé au passage de la société dans laquelle il vivait, d'une structure sociale horizontale polythéiste où chaque ville avait son dieu, à une structure sociale verticale monothéiste ; c'est le début de la monarchie centralisée. Ces rois, ces peuples, ont été influencés par Zoroastre sans forcément se réclamer de lui. C'est ce qui fait dire à certains que Zoroastre aurait contribué à l'avènement de la monarchie centralisée.
Pour Zoroastre, l'important c'est que chaque homme garde au fond de lui le feu que Ahura Mazda lui donne. Les zoroastriens sont appelés volontiers "les adorateurs du feu", mais au fond, ils s'en moquent.
De nos jours, en Iran où les deux Shahs ont beaucoup œuvré pour la liberté des zoroastriens, des chrétiens et des juifs, il reste, de Zoroastre, le calendrier, les fêtes et un enseignement officiel du zoroastrisme aux enfants.
En Inde, pays où les zoroastriens, chez les parsis, sont les plus nombreux, ils sont bien acceptés ; et les rites sont davantage pratiqués car plus libres qu'en Iran. En Inde, les zoroastriens perpétuent le rituel des tours du silence, tours où sont déposés les morts à nu pour qu'ils y soient dévorés par les vautours.
D'après les notes de Véronique Druge - Regards sans frontières août-septembre 1999
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