Hier une de mes collègues est venue me confier ses problèmes.
Je lui ai offert une oreille compatissante tout en lui disant que c'était la seule aide que je pouvais lui apporter, outre quelques conseils concernant la gestion de certaines
relations à l'intérieur de la firme.
Résultat : cela m'a pris beaucoup d'énergie car je n'étais pas "prête" à l'entendre à ce moment-là ... En soirée, j'y pensais encore et je me suis morigénée !
Pourquoi ne sais-je pas dire non dans certaines situations du moins ?
Pourtant je sais qu'être capable de s'affirmer et d'opposer un refus à une demande qui ne nous convient pas, ce n'est pas seulement pratique. C'est essentiel à la survie !
Chacun a besoin qu'on l'écoute; qu'on lui rende service. Si on ne fait pas valoir ses propres limites, personne ne le fera à
notre. Et les autres seront trop heureux de profiter de l'aubaine. Alors adieu les projets personnels...
J'ai donc fait des recherches et vous résume ce que j'en ai retenu :
Quand on a du mal à exprimer un refus, c'est très souvent parce qu'on entretient certains mythes.
1. «Il n'est pas gentil de refuser un service à quelqu'un.»
Mais il est encore moins gentil de tromper quelqu'un en lui mentant!
2. «Les autres ne m'aimeront plus si je leur dis non, et je ne pourrai pas le supporter.»
Il est vrai que certaines personnes ne nous aimeront plus si on change. Mais si quelqu'un nous laisse tomber parce qu'on désire se consacrer plus de temps, c'est peut- être qu'il ne nous aimait
que pour ce qu'on lui donnait, et non pour ce qu'on était vraiment.
3. «Un non est agressif, et je ne veux pas être une personne agressive.»
Un refus peut s'exprimer de façon calme, respectueuse, et n'engendrer aucun conflit. S'affirmer et agresser l'autre sont deux choses tout à fait différentes.
L'art de passer son message
* Commencer par un «cas» simple et se donner du temps
On s'habituera d'abord à parler au "je", même quand il ne s'agit pas d'opposer un refus. Puis, dès le moindre non un peu difficile, on
se récompensera, même si c'est de façon symbolique, histoire de s'encourager.
* Surveiller ses petites voix intérieures
Au lieu de se dire intérieurement qu'on n'est pas gentil, on se répétera: «J'ai le devoir de m'occuper de mon bien-être», «Je suis gentil mais j'ai des
limites à respecter», etc.
* Dresser une liste de ses objectifs
En la consultant régulièrement, chacun en vient à comprendre que sa vie dépend de lui, et seulement de lui, et que son temps est précieux.
Les outils pour vous aider à dire non
* Le Post-it
- Facilité d'utilisation : Qui n'a jamais profité de l'absence de son interlocuteur pour lui glisser subrepticement un message ?
- Danger : Sauf multiplication des Post-it, assimilable à du harcèlement, c'est le triomphe du « pas vu, pas pris ».
Le banal Post-it peut se révéler une vraie arme de lâcheté. Plutôt inoffensive à petite dose. Beaucoup moins lorsqu'on l'emploie à répétition.
* La boîte vocale
- Facilité d'utilisation : Sauf pour les technophobes.
- Danger : Aucun, hormis si, en plus, on n'écoute pas sa messagerie...
Qui n'a pas branché sa boîte vocale pour se protéger d'un appel dérangeant... ou tout simplement pour regagner un peu de liberté en laissant son téléphone portable au fond de sa
poche ou de son sac à main ?
Une forme de « repli » fréquente, compréhensible aussi, en ces temps d'hyperinformation
* L'ascenseur
- Facilité d'utilisation : Tout est une question d'organisation, et d'attitude...
- Danger : Uniquement si l'on se retrouve seul avec un interlocuteur vindicatif.
A priori, l'ascenseur est un lieu de face-à-face inévitable. Si ce n'est que c'est un des rares endroits où les codes sociaux tolèrent que l'on se tienne à quelques centimètres de ses semblables
sans leur adresser la parole. A l'inverse, si l'on a quelque chose à dire à quelqu'un, difficile pour lui de fuir, sauf à posséder un vrai talent pour la surdité feinte.
* La rumeur
- Facilité d'utilisation : Maximale. Le procédé a fait ses preuves depuis des siècles.
- Danger : Crée un climat de suspicion et de défiance, avec des coûts différés.
Pour faire savoir à Untel qu'il n'est plus en odeur de sainteté, il est tellement plus facile d'en faire courir le bruit auprès de ses collègues que de le lui dire en face. Idem lorsque l'on a
une mauvaise nouvelle à annoncer. Reste le caractère incontrôlable des rumeurs, qui peuvent provoquer des levers de boucliers et, plus grave, laminer les personnes qui en sont l'objet.
A noter : les rumeurs ont pris une nouvelle dimension, dans leurs thèmes et la manière dont elles se propagent, avec internet
* Le journal
- Facilité d'utilisation : Se plonger dans la lecture d'un journal est un moyen imparable de couper court à la conversation.
- Danger : On passe juste pour un ours...
* La réunion
- Facilité d'utilisation : Très efficace à condition de maîtriser l'ordre du jour et le déroulement.
- Danger : Si les débats ne sont pas bien conduits, les antagonismes risquent d'éclater.
C'est l'arme de prédilection de ceux qui choisissent de noyer le poisson, des adeptes de la fuite par l'accumulation d'informations et de rendez-vous.
* Le mail
- Facilité d'utilisation : Evite la confrontation, simple à manipuler, rapide. Facilite l'ouverture de parapluie en cas de problème, voire la transmission du mistigri.
- Danger : Les nouveaux médias véhiculent autant nos humeurs que nos consignes de travail. En outre, le « parler web » entretient une ambiguïté entre le langage écrit, officiel, et le langage
oral.
Je finirais en vous disant que je préfère nettement faire un travail sur moi-même plutôt que d'avoir reccours à ces soi-disant "outils" (à part peut-être et avec parcimonie le "Post it")
Gardez cette citation bien en tête : Un homme en colère est un homme qui n'a pas su dire non et éprouve, en plus, le remords de ne
pas l'avoir fait. (Tahar Ben Jelloun)